L'histoire du Moulin du Daumail
Le moulin du Daumail est situé dans un site occupé depuis l’époque romaine.
Bien que les moulins existent depuis plusieurs milliers d’années avant Jésus Christ, rien ne prouve ici l’existence de l’utilisation de l’énergie hydraulique avant le 12ème ou 13 ème siècle, ramené du Moyen Orient grâce au retour des premières croisades.
On sait que c’est en 1199, à Châlus que périt le fils d’Aliénor d’Aquitaine : Richard Cœur de Lion, participant de la troisième croisade.
Une légende raconte que ce sont ses écuyers qui plantèrent les premiers ifs dans notre région. Les deux qui sont à votre gauche ont peut être connu le roi Richard.
Si le plus ancien document que nous ayons retrouvé, l’acte de mariage de Jean Chabrol et Pétronille Richard en 1617 fait état du moulin, la description la plus précise est donné par l’acte de partage de 1713.
A cette époque les meuniers propriétaires jusqu’à lors en indivision décident de partager la propriété en deux.
Le moulin, s’appelle à l’époque : maillerie car on y fabrique une étoffe à partir de laine feutrée grâce à des maillets actionnés par l’eau.
On note la présence dans l’acte de partage du Daumail, d’une vigne, d’un moulin à seigle, d’un moulin à froment, d’un pilon à chanvre, d’un pressoir à huile.
A partir de cette date le moulin est séparé en deux lots dont les différents successeurs vont se faire des procès sans interruption depuis le 10 septembre 1746 jusqu’en août 1949 soit plus de deux siècles.
Pendant cette époque tout divise les frères ennemis : les rigoles, les écluses, l’entretien des parties communes, l’empiétement sur le cour d’eau, les dépôts de matériaux.
Il y aura même des histoires d’amour entre les enfants des rivaux, des coups de feu, des gendarmes jetés à l’eau et bien d’autres péripéties.
Principale industrie de la commune, les moulins emploieront jusqu’à 60 personnes. Les premières manifestations ouvrières y auront lieu, là même où vous vous trouvez actuellement, en 1907 en présence des premiers syndicalistes socialistes.
Ce lieu, qui est redevenu le paradis originel, était alors un enfer industriel.
Au début du 19ème siècle, les moulins deviennent des « moulins à cailloux » et fabriquent de l’émail en broyant des pierres.
Vient alors se rajouter au danger du machinisme, des roues à aubes, des courroies et de la force de l’eau, une nouvelle nuisance : la pollution.
La poussière dégagée est surtout composée de silice et provoque une redoutable maladie : la silicose.
L’énergie hydraulique des deux roues Poncelet d’environ 5 mètres de diamètre tournant à 3 ou 4 tour par minute ne correspondant plus aux exigences de rendement, ni de sécurité, l’activité industrielle devient difficile.
Le moulin recouvert d’ardoises, alors propriété de la Société Française de Céramique, cesse toute activité vers les années 1960, l’autre, recouvert de tuile, propriété de la société Céradel, s’arrête en 1983, date de son rachat par les actuels propriétaires :Monique et Hervé White.
Pour la première fois depuis plus de deux cent ans, les deux moulins sont à nouveau réunis en un seul.
Les bâtiments sont peu à peu transformés en gîtes de grand confort.
Indifférente à ces quelques dizaines de siècles de péripéties humaine, la Vienne a coulé, coule et coulera encore longtemps.